La papeterie d'hier à aujourd'hui

une usine aux champs (1861-1968)

du fer à la paille

La papeterie de Vaux, sur la commune de Payzac, se situe sur le ruisseau des Belles Dames, affluent de la rive gauche de l’Auvézère, à l’emplacement d’anciennes forges, connues depuis le début du XVIIème siècle. 
Entre la chute d’eau sur les amas de rochers granitiques, la stature inviolée de la cheminée, le mouvement retrouvé des deux roues à eau ancestrales et un environnement paysager préservé, la papeterie de Vaux, monument historique classé, est un lieu « qui a une âme » et que l’on n’oublie pas.

Cette ancienne forge était de fait l’affinerie d’une forge à haut fourneau, à Malherbeaux, située légèrement en aval sur l’Auvézère. En 1861, sous l’impulsion de leur propriétaire Camille Bon, la forge ancestrale, qui produisait du fer, ainsi que celle de Malherbeaux, qui coulait la fonte, sont reconverties en une papeterie ouverte au modernisme.

La pâte, à base de paille de seigle, est travaillée sous trois paires de meules en granit sur le site de Malherbeaux, après un traitement au lait de chaux vive.
De là, elle prend le chemin pour Vaux, où l’attend une machine à papier en continu très élaborée pour l’époque et pour le lieu : des piles, ou cuves, dites « hollandaises » raffinent la pâte sous des cylindres munis de lames; une machine « à forme ronde » entraîne sans interruption la pâte sous forme d’une feuille continue ; le papier s’enroule en bobine, après avoir séché au dessus de cylindres chauffants alimentés par de la vapeur d’eau produite par une chaudière…
L’ensemble des machines, fabriqué à Limoges et Angoulême, était mu par les deux roues à augets, fournissant l’intégralité de l’énergie nécessaire.

Papier de boucherie... et papier artistique

Le papier fabriqué à Vaux, connu comme « papier de boucherie », aux qualités naturelles, sans encollage ni colorants, servit longtemps dans le domaine de l’emballage alimentaire, pour la France et ses anciennes colonies.
De nombreux artistes détournèrent ce type de papier de son destin domestique : ainsi le peintre post-impressionniste Chabaud ou l’architecte Le Corbusier qui y crayonnait des plans…
Victime des impératifs du marché, de l’avancée technologique et de l’isolement, la papeterie fut fermée en septembre 1968 par son dernier exploitant, Léon Ragot, issu d’une longue lignée de papetiers limousins.

Depuis, la papeterie de Vaux expose et inspire…

Un site protégé et restauré

L’usine de Vaux est la dernière en France – et en Europe – à présenter une chaîne de fabrication intacte de cette époque.
Achetée par la commune en 1994, classée Monument Historique en 1996, elle fut réhabilitée sous la houlette de la DRAC Aquitaine, de l’architecte en chef Philippe Oudin, et de la muséographe Malika Boudelal qui en définit le concept d’une « Usine aux champs ».